Quels indicateurs révèlent une altération du bien-être du cheval ?

Crédit photo : Mahaut d’Ornellas

Le bien-être du cheval est un état mental et physique positif résultant de la satisfaction des besoins comportementaux et physiologiques, et des attentes de l’animal. Lorsqu’il se dégrade, les conséquences sont souvent nombreuses : problèmes de santé récurrents et augmentation des dépenses de soins ou encore enjeux de sécurité du cavalier dus à l’expression par le cheval de comportements potentiellement dangereux comme des défenses. Mais encore faut-il pouvoir détecter efficacement une altération de l’état de bien-être chez un cheval au sein de son milieu de vie. Focus sur les principaux comportements qui doivent alerter.

Il y a d’abord les stéréotypies. Il s’agit de comportements répétitifs, invariants et sans fonction apparente. On les appelle plus généralement les « tics ». Sur le terrain, les stéréotypies sont, dans l’ensemble, maintenant bien identifiées en tant qu’indicateurs d’un mal-être. On retrouve principalement le tic à l’appui (le cheval prend appui sur un support quelconque, ou s’exécute sans appui) ou à l’ours (le cheval est tête basse, avec le bout du nez sous le niveau du genou).

On retrouve également l’apparition de comportements agressifs envers les êtres humains. Cela doit mettre la puce à l’oreille quant à l’altération de l’état de bien-être du cheval. Chez les équidés, les comportements d’agressivité varient allant de la simple menace, parfois très discrète, en couchant brièvement les oreilles en arrière, à des menaces plus marquées, voire des attaques physiques. Selon le degré d’expression de l’agressivité, la sécurité de la personne à proximité du cheval peut être engagée. Il est important de ne pas considérer l’agressivité envers l’humain comme l’expression d’un « mauvais caractère », mais bien en tant qu’indicateur d’un mal-être physique et/ou mental.

Il faut également prendre sérieusement en compte l’insensibilité à l’environnement qui par ailleurs, s’observe chez plusieurs espèces tels que les porcs, les chèvres et les moutons. Chez le cheval également, plusieurs études scientifiques décrivent les animaux comme « apathiques », « absents », voire « déprimés ». Ces derniers apparaissent inactifs, indifférents aux stimulations extérieures et ne participent pas aux activités des autres animaux lorsqu’ils vivent en groupe.
Pour décrire avec précision une posture spécifique adoptée par les chevaux exprimant de l’insensibilité à l’environnement, il a été déterminé
celle du retrait. Ici, le cheval va se tenir debout avec les yeux ouverts, l’encolure étendue et à hauteur du dos, les oreilles sont majoritairement orientées vers l’arrière et fixes, de même que la tête. L’expression de la posture de retrait pourrait révéler un état s’apparentant à la dépression et a été associée à une diminution du repos en position couchée.

L’hypervigilance envers l’environnement du cheval est le dernier grand indicateur d’altération du bien-être de l’animal. Il se traduit par une augmentation de l’attention envers de potentielles menaces présentes ou non dans le milieu extérieur. Chez le cheval, elle s’exprime au travers de postures d’alerte et d’alarme, qui permettent à l’individu d’acquérir des informations et de se préparer à réagir. La posture d’alerte se caractérise par l’élévation de l’encolure (partie du corps de l’animal au niveau de la nuque) ou encore la fixité des paupières et du regard.
La posture d’alarme est une accentuation de la posture d’alerte : les paupières sont exagérément ouvertes et l’encolure peut s’élever dans ce cas également.
Les postures d’alerte et d’alarme sont nécessaires à la survie de l’animal et font partie des comportements naturels de l’espèce. Seulement, lorsqu’elles sont exprimées de manière répétée au cours du temps et quelle que soit la situation, il peut s’agir d’une manifestation comportementale d’anxiété chronique. Dans ce cas, l’état de bien-être de l’animal est considéré comme dégradé.

Ainsi, chaque cheval exprime un mal-être d’une façon qui lui est propre.
Il s’agit de repérer rapidement certains de ces signes comportementaux et d’agir pour remédier à la situation.