Crédit photo : Mahaut d’Ornellas
Savez-vous comment le cheval perçoit et comprend les individus qui l’entoure, et plus particulièrement l’être humain ? Nous nous y intéressons aujourd’hui au travers de cet article qui explore la cognition sociale entre le cheval et l’être humain.
Tout d’abord, rappelons que la cognition sociale correspond à la manière dont un individu perçoit et comprend ceux qui l’entourent.
Elle englobe plusieurs capacités cognitives, comme : les capacités de communication, l’apprentissage social, c’est-à-dire l’apprentissage d’une tâche en observant une démonstration par un autre individu, la reconnaissance des autres individus ou encore la compréhension de leurs émotions.
Pour un animal social comme le cheval, la cognition sociale est particulièrement importante pour la cohésion et la survie du groupe. Par exemple, la capacité à comprendre les émotions des autres membres du groupe permet de limiter les conflits et favorise la bonne entente au sein du groupe. Elle peut permettre également de suivre un autre membre du groupe qui sait où se situe une source de nourriture dont on ignore la localisation. L’apprentissage social permet ainsi d’apprendre à résoudre une tâche beaucoup plus rapidement que si l’on devait apprendre par soi-même par essais et erreurs.
Suite aux études qui ont été faites, cinq axes résument ce que l’on sait pour le moment quant à cette cognition sociale chez les chevaux.
La reconnaissance des autres individus
Il a été montré que le cheval peut reconnaître les êtres humains qu’il connait, autant visuellement qu’au son de leur voix. Le cheval va associer une voix à l’aspect visuel de la personne et va montrer des signes d’étonnement si, après avoir aperçu une personne familière, il entend la voix de quelqu’un d’autre.
L’apprentissage social
Une étude récente suggère également que le cheval apprend plus rapidement une tâche (appuyer sur un bouton pour ouvrir le couvercle d’un bac contenant de la nourriture) s’il a pu précédemment observer une démonstration par un expérimentateur humain que s’il doit l’apprendre seul.
La compréhension de nos émotions
De récentes études viennent également d’être publiées concernant la reconnaissance par les chevaux des émotions humaines transmises par nos expressions faciales. Il avait été montré que les chevaux réagissaient différemment face à une photo d’un visage humain souriant (expression faciale positive) que face à une photographie d’un visage en colère (expression faciale négative). Leur rythme cardiaque augmentait quand ils étaient confrontés à l’expression faciale négative et ils regardaient ces photos avec leur oeil gauche. En d’autres termes, les stimuli émis par l’animal sont négatifs. Ainsi, cette étude a montré que les chevaux peuvent non seulement faire la différence entre des photos d’expressions faciales positives ou négatives, mais présentent également une réponse physiologique appropriée. Ces résultats suggèrent donc qu’ils reconnaissent nos émotions et comprennent leurs implications. Une seconde étude a été réalisée où les chevaux étaient à nouveau confrontés à des photos montrant des expressions faciales positives ou négatives et étaient ensuite, mis en présence de la personne représentée sur la photo (qui avait cette fois une expression faciale neutre). Les chevaux qui avaient vu la photo négative prirent plus de temps avant d’approcher la personne. Les chevaux peuvent donc utiliser des informations qu’ils ont acquises précédemment sur les émotions d’un être humain afin de guider leurs futures interactions avec cette personne.
Le pointage
Le cheval semble également comprendre un moyen de communication qui est propre à l’être humain : le pointage. Traduction sur le terrain : lors d’un choix entre deux seaux de nourriture, le cheval va préférer se diriger vers le seau qui est pointé du doigt par la personne qui l’accompagne et ce, sans apprentissage préalable. Le cheval peut aussi essayer de communiquer avec l’être humain s’il veut obtenir de la nourriture par exemple. Ces sollicitations se font généralement par des regards alternés entre l’être humain et la nourriture, mais si la personne est inattentive, le cheval va également recourir à une communication tactile en venant toucher l’être humain avec son nez afin d’attirer son attention. Le cheval va également préférer quémander de la nourriture à un être humain qui est attentif à lui. Il va aussi préférer un accompagnateur qui est face à lui plutôt que le dos tourné.
La compréhension de nos connaissances
Il semble donc que le cheval puisse prendre en compte notre perception et donc au moins un de nos états mentaux. Une étude récente réalisée au Japon suggère même que les chevaux pourraient adapter leur comportement en fonction de ce que sait ou ne sait pas leur soigneur. Dans cette expérience, un seau situé à côté du paddock du cheval, hors de portée de celui-ci, était rempli de nourriture. Le cheval devait donc demander de l’aide à son soigneur, également présent à côté du paddock, pour pouvoir atteindre cette nourriture. Les résultats de l’étude montrent que, dans cette situation, les chevaux réagissent différemment en fonction de la présence ou de l’absence de leur soigneur au moment où la nourriture était placée dans le seau. Ces résultats suggèrent donc que les chevaux adaptent leur comportement en fonction du niveau de connaissance de l’être humain qui l’accompagne et seraient donc capables de savoir que la personne sait ou non qu’il y a de la nourriture dans le seau. Il s’agit là d’un phénomène cognitif très fort.
Il nous reste encore beaucoup à étudier sur la cognition sociale chez le cheval et plus particulièrement sur la manière dont il perçoit et comprend les êtres humains. Les recherches réalisées ces dernières années sur le sujet nous ont en tout cas montré à quel point le cheval est attentif à nous et à notre comportement. Rien ne vaut le meilleur ami de l’Homme pour nous comprendre !